On retient son souffle jusqu’à la fin de ce spectacle si fort en intensité. Certes, cette interprétation de l’œuvre de Stravinsky peut déranger car elle est profondément charnelle, car elle peut paraître violente, cependant, elle traite d’éléments bruts, primordiaux, essentiels.
Issus du fond des âges, quatorze danseurs, archétypes féminin et masculin, se rencontrent et se déchirent, s’aiment et se haïssent, guidés par deux jumeaux qui tirent les ficelles de leur inconscient… les deux jumeaux des forces primales, qui propulsent les êtres les uns contre les autres dans des corps à corps sensuels ou brutaux, dans des rites et des transes.
Quatorze danseurs du Mali, du Bénin, du Nigeria, du Sénégal et de la Guadeloupe, tous rompus aux danses tant traditionnelles que contemporaines évoluent dans un décor dépouillé. Un écran au fond de la scène reçoit des images de Lagos (mégalopole du Nigeria) filmées par Benoît Dervaux.
Le chorégraphe franco-algérien Heddy Maalem livre avec ce « Sacre » un troisième volet à une trilogie débuté par « Black spring » et l’«Ordre de la bataille ». Un pari risqué que d’oser cette rencontre entre la musique classique occidentale et les sensibilités africaines qui valait la peine
d’être tentée, car en sortant, vous restez encore sous son charme.
Photo de Cris Bregeon
Au Théâtre des Hivernales
Jusqu’au 24 juillet à 17h30
04.90.82.33.12